Jacqueline Assabgui : "Entendre la musique, est-ce une question d'oreille ? "

L'écoute de la musique est plurielle. On songe rarement à en discerner les diverses formes. À juste titre, en un sens, car l’auditeur amateur de musique peut passer au cours d’une même œuvre d’une forme d’écoute à l’autre sans même s’en apercevoir. Au concert, par exemple, la moindre interrogation gâcherait son plaisir. Mais surtout, chaque auditeur n’est-il pas persuadé que son transport musical (ou sa critique) correspond à la bonne qualité incontestable de son oreille ? Pour lui, l’écoute n’est donc pas à mettre en question : le Beau s’entend ou se contemple en dehors de tout principe de raison ! Or dans un tout autre contexte, quand la musique est employée à des fins thérapeutiques (dans ce qu’il est convenu d’appeler « la musicothérapie »), démêler la pluralité des formes de l’écoute s’impose. En effet, un usage pervers de la musique s’est généralisé : dans les supermarchés, les aéroports, les boîtes de nuit, les rave parties, dans les sectes aussi. Sans oublier ce qui se passait dans les camps de concentration allemands ; les nazis étaient souvent de grands mélomanes ! Il y a là une preuve absolue de la nécessité d’une réflexion éthique sur l’écoute de la musique qui, en thérapie, ne sera pas sans incidence sur la façon dont les praticiens la donnent à entendre. La diffuser, sans l’étayage d’arguments importés de ce que nous enseigne la psychanalyse sur le fonctionnement de l’appareil psychique, ne permet pas de comprendre comment, là aussi sans même s’en apercevoir, on peut user de son immense pouvoir d’aliénation. L’hypnose ou certaines folies collectives ne résultent-elles pas du pouvoir de la musicalité… d’une voix ? Diffuser un morceau de musique peut être un piège tendu, et correspondre à de la limaille introduite dans l’oreille du patient que le thérapeute pourra diriger, à son gré, de son aimant. Mon propos va tenter de décrire une écoute spécifique comme base d’une réflexion éthique sur l’usage thérapeutique de la musique.


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www.cairn.info/revue-insistance-2005-1-page-93.htm.