Définition de la Musicothérapie

La musicothérapie est pratiquée depuis des temps anciens, aujourd'hui elle se développe  sur tous les continents, et présente donc une dimension transculturelle certaine. Il existe dans la littérature clinique de nombreuses définitions de la musicothérapie. Pour ma part, cette discipline est une forme de psychothérapie médiatisée par la musique et plus largement par le sonore. Cette pratique est transdisciplinaire et convoque à la fois, la dimension artistique (la musique et le sonore) et la dimension du soin psychique.

La musicothérapie s'inscrit dans une dynamique relationnelle d'aide, de communication (verbale et/ou non-verbale) et se pratique dans le cadre de différents contextes cliniques (prise en charge psychothérapique, médiation sociale, hospitalisation, rééducation motrice et vocale...), auprès de personnes manifestant une souffrance psychique, physique ou un handicap. Elle sollicite les processus de création et permet une inscription dans le lien social.

La musicothérapie est une pratique permettant la prise en charge des troubles de l'expression verbale et du langage, comme le bégaiement. En effet, si la personne bègue présente des difficultés dans l'artciulation et l'énonciation du langage verbal, ceci est rarement le cas lorsque la voix est utilisée différement que dans la seule perspective de la communication verbale, comme par exemple avec le chant ou l'imitation. En effet, la grande  majorité des personnes bègues cessent de bégayer lorsqu'elles chantent ou imitent quelqu'un, quand la voix est détournée de sa fonction première, celle de la conversation usuelle. Considérant ces observations, j'ai développé une approche spécifique clinique et musicothérapique des troubles de l'élocution en faveur des enfants, des adolescents ou encore des adultes. Rappelons qu'au-delà des difficultés qui se manifestent dans l'expression du langage verbal, la prise en charge du bégaiement ne peut se faire qu'en considérant les mécanismes psychologiques à l'oeuvre chez la personne bègue. Cela est d'autant plus probant que ce trouble du langage peut occasionner une souffrance psychique importante.

Comme toute psychothérapie, la musicothérapie nécessite :

    • Un cadre (lieu, fréquence, durée et nombre de séances)

    • Une demande (qui conduit le sujet à venir consulter)
    • Un ou plusieurs patients (selon que les séances soient individuelles ou collectives)

    • Un thérapeute (formé à la pratique artistique et psychothérapique)

    • Des méthodes et techniques spécifiques (méthodes cliniques, psychomusicales...)

    • Un coût (la rémunération du praticien, le don est un facteur opérant dans le travail thérapeutique)
    • Des référentiels cliniques théoriques (psychanalytiques, psychodynamiques...)

Les effets thérapeutiques de la musique, sur le plan psychique et somatique, sont désormais étudiés et reconnus. Les recherches cliniques et l'expérience nous révèlent les bienfaits thérapeutiques de la musicothérapie, permettant au patient un mieux-être et un allègement de ses symptômes, comme la diminution de l'angoisse ou de la douleur (par exemple : pour le patient hospitalisé à la suite d'un accident ou d'une maladie). Les objectifs thérapeutiques se définissent en fonction de la demande du patient et de ses possibles (par exemple : si la personne présente un handicap psychomoteur limitant ses gestes).

Enfin, la thérapie médiatisée par la musique favorise le tissage du lien social, ou encore la symbolisation. Elle permet au sujet de se dire autrement, par le son et la musique, lorsque la parole est inhibée ou le langage verbal absent. Pour reprendre, une défintion de J-M. Vives : "La musicothérapie est la mise en jeu d'une production sonore, prise dans une relation transférentielle, qui est adressée, aussi bien du côté du musicothérapeute que de celui du patient. C'est bien cette dimension du vecteur transférentiel qui va transformer la production musicale en manifestation subjective, pouvant faire l'objet d'une interprétation".

La pratique de la musicothérapie ne nécessite pas de compétences musicales particulières ou de techniques spécifiques et s'adresse donc à toute personne, quelque soit l'âge (enfant, adolescent, adulte et personne âgée), la culture, la problématique subjective, le handicap, ou encore la psychopathologie installée (psychose, névrose décompensée, états limites...).


 Rappelons que la musicothérapie est une discipline issue du champ de la psychologie clinique, en conséquence le praticien qui s'en réclame doit pouvoir justifier des connaissances et compétences requises, nécessaires à conduire une psychothérapie, respectant scrupuleusement éthique et déontologie. Aujourd'hui, le statut du musicothérapeute échappe encore à toute réglementation légale, du fait que la profession ne soit soumise à aucune définition précise, comme c'est le cas par exemple, pour le statut du psychologue. Aussi, nous assistons à de nombreuses dérives de la part de "thérapeutes" dont la formation clinique reste approximative, voire inéxistante.